Les contrôles laxistes aux frontières rendent vulnérables les producteurs de Niagara

Niagara Falls (ON) – Deux de nos quatre principaux passages frontaliers terrestres des États-Unis au Canada dans la région de Niagara n’ont pas d’inspecteurs ou inspectrices en fonction, de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, laissant ainsi les producteurs agricoles de la région de Niagara susceptibles aux animaux nuisibles et autres maladies qui pourraient dévaster l’industrie et menacer la biosécurité du Canada.

En 2014, les ponts Rainbow et Whirlpool, sur lesquels transitent des millions de véhicules privés au Canada en provenance des États-Unis, n’étaient pas surveillés par l’ACIA. Les deux points de passage frontaliers commerciaux au Canada, aux ponts Peace et Queenston-Lewinston, avaient des inspecteurs fédéraux et inspectrices fédérales vérifiant la présence d’animaux nuisibles et d’autres menaces à bord de véhicules commerciaux une seule journée seulement sur 38, sous prétexte qu’elle ne pouvait se permettre des contrôles plus fréquents.

Lors d’une conférence de presse donnée ce matin, en présence des candidats du NPD Malcolm Allen (Niagara Centre), porte-parole officiel de l’opposition en matière d’agriculture, et Carolynn Ioannoni (Niagara Falls), les syndicats représentant les inspecteurs et inspectrices des aliments et des plantes, ainsi que les gardes-frontières, ont publié des renseignements obtenus auprès d’inspecteurs et inspectrices de première ligne démontrant que la présence aux frontière de l’Agence canadienne d’inspection des aliments est terriblement insuffisante.

 

Principaux passages transfrontaliers en Ontario

                                                                      

Fréquence de la présence e l’ACIA en 2014
Région de Niagara (passages commerciaux seulement) 1 en 38 jours
Porte d’entrée de Windsor 1 en 30 jours
Aéroport Pearson 1 en 60 jours

 

Au port maritime de Vancouver, le plus fréquenté du pays, des inspecteurs et inspectrices de l’ACIA seront sur place à deux  reprises en 2015 pour des inspections générales d’importations. Au passage terrestre le plus occupé dans l’ouest, Pacific Highway, il n’y aura pas de présence d’inspecteurs ou inspectrices de l’ACIA procédant à des inspections d’importations sur place, à quelque moment que ce soit durant l’année.

« Cette situation se produit partout au pays, et pas seulement en Ontario. Il est fort probable alors que nous n’inspecterons rien, que des animaux nuisibles et autres maladies traverseront notre frontière, encastrés dans des matières d’emballage en bois ou dans le coffre de l’une des voitures parmi le million d’entre elles qui entrent librement au Canada chaque année, sans aucune inspection. Nous avons relâché notre vigilance, ce qui pourrait bien annoncer un énorme désastre car il faudra toute une décennie avant de les détecter. Il sera alors trop tard pour les contrôler », a déclaré Bob Kingston, président du Syndicat de l’Agriculture – AFPC.

Pour l’ACIA, c’est une question de manque de ressources. Depuis 2012, le gouvernement fédéral a réduit de 14 pour cent le budget de l’ACIA consacré à la protection des plantes.

Les conséquences pour les producteurs de fruits et l’économie de la région de Niagara pourraient être dévastatrices, sur une échelle semblable à celles causées par l’agrile du frêne, espèce étrangère invasive qui a coûté quelque 500 millions de dollars de dommages à l’économie canadienne depuis son introduction, ou encore par le virus de la sharka du prunier qui frappe les producteurs de fruits à noyau au Canada.

Le député du NPD, Malcolm Allen, aussi candidat dans Niagara Centre, a déclaré à ce sujet : « La négligence volontaire du gouvernement Harper met en danger une industrie fondamentale pour notre région. Nous avons un plan pour relancer les inspections, et en ce qui me concerne il ne sera jamais assez tôt pour le mettre en place. »

En 2005, la responsabilité du contrôle aux frontières des produits alimentaires et des parasites pour l’agriculture a été transférée de l’Agence canadienne d’inspection des aliments à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Toutefois, cette dernière ayant d’autres priorités, la défense des frontières canadiennes contre les menaces à la biosécurité du pays est passée entre les mailles du filet du fait que les compressions budgétaires du gouvernement fédéral ont forcé l’ASFC à supprimer 1 100 postes depuis le début de l’année 2013.

Cette diminution des inspections s’est manifestée par une chute de près de 600 interceptions d’insectes ravageurs en 2005 à moins de 60 en 2014, ce à quoi il convient d’ajouter que les tests de maladies en milieu agricole/forestier étaient presque nuls.

« L’ASFC n’a tout simplement pas les ressources nécessaires pour protéger la biosécurité du Canada. Nos membres ont pour instructions de cibler d’autres priorités à la frontière », a précisé Jean-Pierre Fortin, président national du Syndicat des douanes et de l’immigration.

En principe, l’ACIA et l’ASFC collaborent pour procéder à des inspections aux frontières. Toutefois, la priorité absolue du gouvernement Harper étant d’équilibrer le budget, ce à quoi il faut ajouter de fortes réductions d’impôt, leur effort ne produit pas les résultats voulus. Malgré les promesses de lancer une centaines d’opérations éclairs conjointes aux frontières – outil principal de contrôle des importations employé par l’ACIA, avec l’Agence des services frontaliers du Canada – , les deux agences ne parviendront à faire qu’une partie seulement de ces contrôles cette année.

« Ottawa a l’obligation de protéger les agriculteurs canadiens et notre biosécurité, domaine dans lequel le gouvernement Harper a misérablement échoué », a ajouté Carolynn Ioannoni, candidate du NPD pour Niagara Falls.