Les employé(e)s de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et les membres de leurs familles cherchent des conseils pour faire face à des problèmes liés à leur milieu de travail à raison de trois fois plus que les autres fonctionnaires du gouvernement fédéral.
En effet, près d’un employé(e) sur quatre – soit 23 pour cent – de l’ACIA a demandé de l’aide en 2013 auprès du Programme d’aide aux employé(e)s (PAE), alors que pour 2011 et 2013, à titre de comparaison, les chiffres étaient de 16 et 20 pour cent, ce qui représente une hausse de près de 50 pour cent sur trois ans.
En moyenne, le recours au PAE dans toute la fonction publique s’élève à sept pour cent par an.
Ces révélations ont été faites dans un article daté du 23 janvier dernier paru dans le blog sur abonnement à Ottawa Blacklock Reporter, qui se spécialise dans la publication de nouvelles portant sur des règlements, rapports et autres délibérations de comités du gouvernement qui bien souvent sont ignorés par les médias grand public.
Cette augmentation frappante des demandes de conseils, comme le soulignait d’ailleurs Bob Kingston, président national du Syndicat de l’Agriculture, dans l’article en question, découle aussi bien des compressions au niveau du personnel qu’à celui des autres ressources de l’Agence.
« L’ACIA est devenu de plus en plus dysfonctionnelle. Elle n’a pas procédé aux analyses qui lui auraient permis de décider quelles ressources sont indispensables pour mener à bien son mandat. Voilà donc pourquoi elle essaie de tout faire mais avec rien. Dans de telles circonstances, il ne fait aucun doute que ce sont les ressources humaines qui vont en payer le prix.
« Nous n’avons cessé, depuis la publication du Rapport Weatherill en 2009, de demander une vérification exhaustive des ressources de l’ACIA ainsi qu’une comparaison avec les ressources qui sont disponibles pour les véritables besoins opérationnels. Tant que cela ne se fera pas, l’Agence poussera son personnel à la catastrophe, avec toutes les conséquences inévitables sur le plan humain. »
Ni la direction de l’Agence, ni la ministre responsable de l’ACIA, soit la ministre de la Santé Rona Ambrose, n’ont daigné faire des commentaires sur cette situation déprimante.
Voici un extrait de l’article en question du blog Blacklock Reporter :
Quel est l’emploi le plus stressant au gouvernement ?
Les inspecteurs et inspectrices des viandes et le personnel de l’Agence cherchent à obtenir des conseils psychologiques à un rythme trois fois supérieur à la moyenne fédérale, selon de nouvelles données. L’Agence canadienne d’inspection des aliments a laissé savoir que des milliers d’employé(e)s et membres de leurs familles ont demandé de l’aide l’année dernière en raison du stress que leur cause leur emploi. « L’Agence et un organisme totalement dysfonctionnel. »
Selon l’Agence, l’équivalent de plus d’un cinquième de son personnel a fait appel à des services de conseils l’année dernière dans le cadre du Programme d’aide aux employé(e)s, y compris en raison de l’angoisse qui découle du stress de leur emploi.
« Nous n’avons pas vu ces chiffres », a déclaré Bob Kingston, président national du Syndicat de l’Agriculture. « Il n’est pas surprenant que l’Agence ne dispose pas du personnel dont elle a besoin pour faire le travail, peu importe ce que l’on dit à la population. »
La ministre de la Santé, Rona Ambrose, responsable de l’Agence, n’a pas fait de commentaires en la matière.
Selon les dossiers de l’Agence, quelque 7 000 personnes composent sa masse salariale, dont des inspecteurs et inspectrices, des chercheur(e)s scientifiques, des spécialistes de systèmes, des techniciens et techniciennes de laboratoires ou encore du personnel de soutien. De ce chiffre, le nombre de dossiers du Programme d’aide aux employé(e)s s’élevait en moyenne à 16 pour cent en 2011, puis est passé à 20 pour cent en 2012, et à 23 pour cent l’année dernière.
Dans toute la fonction publique fédérale, on recense généralement un taux de 7 pour cent, selon les données de Santé Canada des Services d’aide aux employé(e)s du gouvernement.
« L’Agence confie des tâches impossibles à ses employé(e)s qui font alors l’objet de toutes sortes de critiques publiques lorsque les objectifs ne sont pas atteints », a précisé Bob Kingston. « Nous sommes devant une organisation dysfonctionnelle chapeautée par une direction elle aussi dysfonctionnelle, qui manque cruellement de ressources à un degré qu’elle ne veut pas admettre de peur que cela ‘compromette la confiance du public’ – et ce sont là les paroles mêmes prononcées par des gestionnaires. »
L’Agence n’a pas souhaité faire de commentaires.
La gestion des services d’inspection au niveau fédéral a été frappée par deux scandales récents touchant les aliments, à savoir une épidémie de listériose en 2008 à l’établissement Maple Leaf Foods Inc. de Toronto qui a entraîné 23 décès et une action collective de 27 millions de dollars, puis en 2012 le bœuf infecté par le E. coli provenant de l’établissement XL Foods Inc. de Brooks en Alberta, causant 18 cas de maladies chez des consommateurs et le plus grand rappel de bovins de l’histoire du Canada.
« Le personnel de l’ACIA est tenu de réagir à des urgences liées à la salubrité des aliments dans le cadre desquelles il pourrait être exposé à des situations stressantes qui ont des répercussions sur leurs émotions et leur bien-être physique », a signalé l’Agence. « Dans l’environnement ambiant d’aujourd’hui, en raison des fortes attentes imposées aux fonctionnaires pour fournir le meilleur service possible avec le plus petit nombre d’employé(e)s, nombreux sont les fonctionnaires dont le niveau de stress ne cesse d’augmenter jour après jour. »
« Nous évoluons dans un climat où les ressources vont s’amenuisant », a tenu à préciser Bob Kingston. « Ce sont là des temps bien difficiles pour nombre de personnes. »