Un audit américain révèle des problèmes familiers dans le système canadien de sécurité des viandes

« C’est comme un déjà-vu… c’est le jour de la marmotte. »

C’est à peu ce que les autorités américaines doivent se dire après leur dernier audit du système canadien d’inspection des viandes.

C’est une histoire qui se répète année après année.

Selon l’audit américain, des problèmes fondamentaux d’hygiène et de salubrité continuent à affecter des usines canadiennes de charcuteries prêtes à manger de même que des abattoirs dont les produits sont consommés par les Canadiens comme les Américains.

Ce sont les mêmes problèmes qui ont entraîné le désastre de l’intoxication à la listeria à l’usine Maple Leaf Food, qui a tué 23 Canadiens, et qui ont mené au rappel des produits de bœuf de XL Foods en 2012, à caude de la contamination à la bactérie E. coli.

On se souviendra que l’inspecteur responsable de l’usine Maple Leaf de la rue Bartor à Toronto qui a livré les charcuteries contaminées était aussi responsable de six autres usines d’un bout à l’autre de la ville… Une tâche qu’aucun mortel n’aurait pu accomplir.

Les autorités américaines qui inspectent régulièrement les systèmes de sécurité alimentaire des pays qui exportent des produits aux États-Unis n’ont pas réussi à identifier la raison de la répétition interminable de tels manquements fatals.

Mais après avoir vu de mes propres yeux, à titre de superviseur de l’inspection, ce que la plupart des inspecteurs rencontrent tous les jours, une explication devient de plus en plus évidente pour moi.

Il existe une pénurie critique de ressources d’inspection au Canada. C’est aussi simple que cela.

Il n’y a pas assez d’heures dans une journée pour permettre à nos inspecteurs en sécurité alimentaire de venir à bout de la tâche qui leur est confiée, de manière à assurer la conformité des compagnies alimentaires à toutes les exigences de salubrité.

Quand quelqu’un tire la sonnette d’alarme et que les inspecteurs exigent des compagnies qu’elles règlent des problèmes qui compromettent la sécurité du public, les inspecteurs se trouvent souvent trop occupés avec d’autres tâches importantes d’inspection ou avec une nouvelle crise, pour être capables de faire appliquer les mesures de conformité exigées.

Nos effectifs sont trop éparpillés dans l’espace et le temps pour que nous soyons capables d’assurer que les compagnies de production alimentaire se conforment aux exigences. Il est évident qu’il faut une meilleure supervision de la sécurité des aliments.

Ottawa a récemment voté la Loi sur la salubrité des aliments au Canada, qui demande au gouvernement de mener un audit afin de déterminer s’il y a assez de ressources d’inspection pour protéger le public.

Le gouvernement doit faire ce travail maintenant, puisqu’il est évident que la pénurie d’inspecteurs dans ce pays constitue une menace à la sécurité du public. En tant qu’organisme public à fondement scientifique, l’Agence canadienne d’inspection des aliments devrait savoir si elle a sa disposition ce qu’il faut pour remplir son propre mandat. Avec un nouveau ministre, le moment serait bien choisi pour un nouveau départ.