Le ministère de l’Agriculture des États-Unis exerce des pressions supplémentaires sur les Libéraux pour qu’ils respectent leur engagement à augmenter le nombre d’inspecteurs et inspectrices des aliments

Le nouveau gouvernement Trudeau fait l’objet de pressions de ses voisins du sud de la frontière pour qu’il respecte sa promesse, soit qu’il annule les compressions prévues au programme d’inspection des aliments du Canada.

Le ministère de l’Agriculture des É.-U. a en effet soulevé d’importantes préoccupations liées à la salubrité des aliments lors de sa vérification des établissements d’abattage et de transformation d’aliments destinés à l’exportation, du Québec et de l’Ontario, effectuée en 2014.

Bien que les Américains aient trouvé que l’Agence canadienne d’inspection des aliments ait atteint ses « critères de base » en matière d’inspection globale des aliments, un rapport final remis à l’Agence le 14 janvier dernier révèle des « faiblesses au niveau des opérations » dans les domaines de la surveillance gouvernementale, de l’assainissement des établissements et des tests microbiologiques de la listéria, de la salmonelle et de la bactérie E. coli.

L’ACIA a jusqu’à la mi-mars pour démontrer au ministère américain que les problèmes soulevés ont été réglés.

La réponse que l’Agence a communiquée, en réaction au rapport américain, était on ne peut plus typique, à savoir qu’elle prétend que la santé des consommateurs n’est pas en danger, et qu’elle se penche sur le règlement des problèmes identifiés. Et pourtant, chose tout à fait incroyable, un gestionnaire supérieur de l’ACIA avait essayé un peu plus tôt de convaincre les Américains de changer d’idée et d’accorder plutôt à l’Agence une note « moyenne » plus élevée et moins controversée.

Bob Kingston, président national du Syndicat de l’Agriculture, a déclaré que la vérification entreprise par les Américains met en exergue la nécessité très accentuée pour le gouvernement libéral d’agir sans plus tarder avant qu’une autre crise de la salubrité alimentaire n’ait des répercussions sur la confiance des consommateurs au pays et sur les exportations à l’étranger.

« Cela revient un peu à recevoir une note D à l’université. Certes, c’est une note de passage, mais il n’y a pas de quoi le chanter sur les toits ! Telles sont les raisons pour lesquelles nous constatons la présence d’inspecteurs et inspectrices chevronné(e)s sur les chaines de transformation. Alors que les Américains semblent penser que nous devons impérativement faire ce qu’ils suggèrent, rien ne m’indique que l’ACIA fasse quoi que ce soit en la matière. Nos inspecteurs et inspectrices sont bien trop occupé(e)s à examiner des carcasses sur les chaines pour vérifier convenablement leur salubrité et hygiène, travail qui doit normalement revenir aux employé(e)s des établissements. »

Entre autres conclusions, le rapport américain précise :

  • des problèmes d’assainissement, tels que faux-plafonds à claire-voix, fuite de vapeur condensée et de rouille risquant de contaminer les aliments,
  • le fait que l’ACIA ne procède pas périodiquement à des échantillonnages de l’environnement et à des tests dans les établissements de production alimentaire pour les bactéries pathogènes pouvant provoquer la listériose, celle-là même qui a contaminé des viandes froides produites par Maple Leaf Foods en 2008, causant la mort de 22 Canadiens et Canadiennes,
  • que les inspecteurs et inspectrices ne vérifient pas la présence de contaminations par déjections ou par ingesta, ou celle du lait sur les carcasses avant le lavage final, ou encore
  • que les employé(e)s des établissements de transformation des aliments testent la viande et la volaille prête-à consommer mais ne recueillent pas d’échantillons ni ne vérifient la présence de listériose sur les surfaces sans contact avec les aliments.